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Pour une fertilisation efficiente et raisonnée du blé : Cas du N, P et K

Whitney leaning against a railing on a downtown street



Pour les producteurs de céréales, en particulier du blé, l’attention est trop souvent portée aux préparatifs avant-semis (i.e., travail du sol, choix de la variété), comme leviers majeurs à la réussite de son projet. Cependant, cela n’enlève en rien l’importance du raisonnement de l’application des éléments Azote (N), Phosphore (P) et Potassium (K).

Dans ce sens, qu’en est-il de l’importance des nutriments N, P et K ?



L’azote contribue majoritairement dans la synthèse de la chlorophylle et l’élaboration des protéines. Il se manifeste physiologiquement par des process internes sous divers formats : coloration des feuilles, hauteur, et biomasse produite. Quant au phosphore, à son tour, il joue un rôle majeur lors des stades de multiplication cellulaire. En effet, l’énergie nécessaire pour mener à bien toutes les réactions de synthèse est l’ATP dont le phosphore est un constituant. Aussi, il est indispensable à la formation d’éléments tels que les protéines et les acides nucléiques. Il contribue à la rigidité des tissus et favorise donc la résistance à la verse. Par ailleurs, le phosphore a un rôle de régulation et il favorise la fécondation. Vis-à-vis du potassium, il intervient dans la consolidation des parois cellulaires, l’amélioration des propriétés qualitatives, l’amélioration de la résistance au gel, la régulation du bilan hydrique, l’absorption et transport des nutriments dans la plante.

Vis-à-vis du rendement, quel impact peut-on espérer d’une fertilisation NPK non-équilibrée ?



L'azote constitue le premier facteur limitant du rendement. Une alimentation azotée insuffisante diminue la synthèse de la chlorophylle et des protéines, et donc perturbe profondément la croissance et le développement des plantes. Le rendement en grain ou en ensilage de la culture sera alors formement limité.

Quant au phosphore, il est également un facteur limitant du rendement pour le blé, causant ainsi une chute de rendement de l’ordre de 10% en cas de déficit. En effet, pour que les plantes utilisent le supplément d’azote (par exemple pour la synthèse des protéines ou de la chlorophylle), elles ont besoin de plus de phosphore pour fournir l'ATP nécessaire. Par ailleurs, le phosphore améliore la réponse du blé à la fertilisation azotée.

Avec le potassium, il est sujet de pertes autour de 6% en situation de déficit moyen. Considérant son impact dans l’amélioration de la formation d’assimilât dans les feuilles et à leur transport accéléré vers les grains, le PMG peut atteindre des valeurs optimales et permettre des gains de l’ordre de 5,8% pour ce paramètre de qualité. Par le potassium aussi, de nombreux enzymes activés participent à la photosynthèse et à la formation des protéines dans les grains.

Parallèlement en cas d’apports en excès pour les éléments N, P et K, on atteint un cas de figure dit de « prélèvement de luxe » qui demeure sans bénéfice en termes de rendement, avec une marge bénéficiaire réduite pour les producteurs. Avec la conjoncture actuelle du marché, l’on ne peut pas se permettre ce « luxe », surtout avec avec les prix des engrais azotés qui sont grimpés de 3.587 dhs/tonne à 8.300 dhs/tonne à date d’aujourd’hui, et respectivement pour les engrais phosphatés de 5.480 dhs/tonne à 10.320 dhs/tonne et pour le potassium de 4.350 dhs/tonne à 10.150 dhs/tonne.

Ainsi, comment peut-on raisonner la fertilisation N, P et K ?



Dans le cas du blé pour lequel l’azote est un facteur déterminant se manifeste par une coloration verdoyante de la culture (avec des degrés qui ne sont pas toujours perceptibles à l’œil nu) et la biomasse produite, les éléments d’évaluation capturés moyennant l’imagerie multispectrale via drone ou satellite, traduisent des informations agronomiques d’intérêt qui permettent d’établir les besoins de la culture en cet élément. Capturant toute la parcelle, l’image de la toute petite unité de surface du terrain (de l’ordre de 10x10 cm par drone et 10x10 m par satellite) offre donc une visibilité sur les besoins en N réellement manifestés par la plante de manière précise selon l’emplacement considéré. Ceci se décline en un zonage pour la grande parcelle en unités homogènes (i.e., cartes de fertilisation azotée) permettant d’apporter pour chaque zone homogène délimitée seulement la quantité d’azote nécessaire avec donc l’avantage d’augmenter les chances de maximiser les rendements par unité de surface et atteindre l’objectif assigné à la superficie totale. D’un point de vue rentabilité et durabilité, il est question de rentabiliser chaque unité de fertilisant azoté appliqué tout en préservant le capital « sol » et les ressources hydriques en réduisant la pollution qu’on reconnait aux intrants agricoles de manière générale.

Par ailleurs, tout raisonnement du plan de fumure en P et K débute avec un état des lieux des réserves du support de production, le « sol ». Ainsi, l’analyse du sol renseigne sur les teneurs en P et K disponibles. Ces dernières n’étant pas d’emblée réalisées tous les ans, tenant compte des considérations économiques, restent quand même valables dans une marge d’années jusqu’à 5 ans sous réserve de pouvoir établir sur cet historique, l’ensemble des apports effectués, les cultures réalisées (i.e., leurs exportations) et ce qu’il a été des résidus de cultures. En effet pour ce qui est des résidus, il en ressort par exemple que lorsque les pailles de blé sont enlevées, la disponibilité en P mais surtout en K, diminue pour la culture qui suit.

Ensuite, il est question de déterminer les besoins de la plante relativement aux objectifs de rendement fixés. Dans le cas du blé tendre, chaque quintal produit exporte 1,2 kg de P2O5, et 1,8 kg de K2O contre respectivement 1,3 kg et 2,1 kg pour le blé dur. Les quantités apportées dès lors constituent la différence entre les besoins, le disponible et la part affectée à l’entretien des réserves du sol. Il en est ainsi aussi du fait que les apports réalisés en année n généralement sont biodisponibles à la plante plus facilement pour les campagnes en années suivantes. Ainsi il faut déjà préparer l’année n + 1 courant l’année n.

La modalité d’apport est majoritairement celle d’un apport de fond en début de campagne pour le P et K. Toutefois faut-il l’ajouter, certains essais font états de bons résultats et même une amélioration de rendement par apport foliaire. Quant à l'azote, les apports sont effectués en fond et en couverture entre le semis et la dernière feuille étalée.

A terme, la révolution en agriculture portant à raisonner nos actions, quand elle touche au blé semble faire cas du seul élément Azote. Pourtant, comme tout autre plante, outre l’azote dont la plante a besoin pour se développer, deux autres éléments majeurs P et K qu'elle puise dans le sol sont également indispensables. Ces trois éléments N, P et K remplissent diverses fonctions dans le blé et sont exploités par la plante en quantités considérables pour atteindre les objectifs de rendement à la fois en termes de qualité que de quantité.